fr CULTUREFRANCAIS Zaher al-Ghafri invité de Souffle inédit by admin 28 سبتمبر، 2023 written by admin 28 سبتمبر، 2023 274 Souffle Inédit \Magazine d’art et de culture. Une invitation à vivre l’art Sommaire de l’article Zaher al-Ghafri invité de Souffle inédit Les jeudis littéraires d’Aymen Hacen « Je crois en la fraternité poétique » Deux poèmes Une fleur devant la porte de Mallarmé Peut-être deviendrons-nous encore plus beaux après la mort Zaher al-Ghafri est né à Oman en 1956. Diplômé de philosophie de l’Université Mohamed 5 (Rabat, Maroc) en 1982, il a résidé dans de nombreux pays arabes et occidentaux dont l’Iraq, la France, les États-Unis et la Suède où il vit aujourd’hui. Poète, il a dirigé la revue al-Berwaz, qui s’intéresse notamment aux arts visuels. Lauréat du prix Kika de poésie en 2006, son œuvre a été traduite en anglais, espagnol, allemand, suédois, farsi et hindi. Parmi ses œuvres poétiques, nous pouvons citer : Sabots blancs (1983), Le silence vient se confesser (1991), Solitude débordant de nuit (1993), Fleurs dans un puits (2000), Ombres aux couleurs de l’eau (2006), Chaque fois qu’un ange apparaît dans la tour (2008), Pierre de sommeil et Le délire de Napoléon (2020). Où placeriez-vous vos poèmes, ici traduits en français, dans l’ensemble de votre œuvre poétique ? Zaher al-Ghafri. Ces poèmes se situent au cœur du projet poétique que je suis en train de mener actuellement. Ces textes sont les poèmes que j’ai écrits au cours de ces 7 ou 8 dernières années. Je n’ai certes pas cessé d’écrire, mais j’ai d’un temps à l’autre effectué des haltes qui m’ont procuré une forme de contemplation, sortes de signes me permettant de commencer chaque fois à nouveau. De toute manière, la poésie a besoin d’une force décuplée et c’est justement pour cela qu’elle n’est pas facile. Le poète a besoin de plonger, de descendre dans le monde souterrain pour chercher des traces de beauté. Le poète ressemble beaucoup à un pêcheur qui jette la ligne et qui attend longtemps avant que le poisson d’or ne morde à l’hameçon. À ce titre, la pensée est solidaire de la poésie parce qu’elle fond en elle comme le sel dans l’eau. La question de la mort, de l’absence ou de la perte sont également des sujets philosophiques, mais nous savons comment Heidegger a lu Hölderlin, Paul Celan et René Char qui était son ami. Et, puisque la langue est l’un des plus dangereux acquis, alors le poète lui enlève en permanence son écho pour la rendre à sa virginité première. C’est du moins ainsi que j’écris dans un état qui précède l’attente et l’étonnement. Et comme je n’écris pour personne, j’ai le sentiment de toucher les nuées de mes mains. Dans ce monde, je cherche la transparence dans la vie et l’écriture. Le fait d’avoir étudié la philosophie m’a aidé, non seulement à penser, mais encore à entrer dans la poétique ou la poésie d’une manière différente. Mon poème semble avoir un caractère sensationnel parce que je ne cherche pas à vivre dans l’abstraction et parce que, pour moi, le poème doit se heurter aux rythmes de l’univers qui sont pour la plupart des rythmes sensationnels des astres aux battements des gouttes de pluie sur les arbres et les trottoirs. Le poème en prose n’a pas de voix arrogante par rapport à ce qui existe, mais plutôt il vit avec ce qui existe en se servant de voix propre. Votre voix est profondément arabe, mais votre langue poétique ainsi que vos références culturelles et intellectuelles sont profondément universelles. Comment expliquez-vous cela ? Zaher al-Ghafri. Oui, il est vrai que j’écris en arabe, mais l’arabe que je pratique dépasse ce qui est local. Mes références culturelles et intellectuelles tendent, comme vous l’avez suggéré dans votre question, vers l’universel ou le mondial, parce que ma vie durant j’ai vécu dans de nombreux pays et villes d’occident. J’ai en effet vécu pendant un certain temps à Paris et à Londres. J’ai vécu pendant de nombreuses années à New York et en Suède où je réside maintenant. J’ai souvent séjourné en Espagne, en Allemagne, en Suisse et en Belgique. De même, j’ai personnellement rencontré quelques-uns parmi les plus grands poètes du monde à l’instar d’Octavio Paz, Joseph Brodsky, Derek Walcott, Merwin, Wole Soyinka, etc. une fois, à Londres, j’ai pris part à une soirée poétique en présence du grand poète irlandais Seamus Heaney. À cela s’ajoute ma connaissance de la plupart des poètes arabes de toutes les générations. De quelle façon souhaitez-vous être lu par les Français ? Zaher al-Ghafri. J’ai déjà vécu une expérience dans le cadre d’un festival de poésie à Lodève. C’était en arabe et en français. Je crois que c’était un succès, même si je n’étais pas sûr de la traduction en français. C’était en 2007. J’ai également lu en Espagne et il m’a semblé que le public était réactif. Dans la mesure où la langue française est extrêmement poétique, je crois que le lectorat français et francophone sera au rendez-vous et que mon texte arabe leur parviendra avec beaucoup de compréhension et d’amour. Comment avez-vous choisi votre traducteur ? Zaher al-Ghafri. J’avais déjà lu des textes d’Aymen Hacen, mais des amis poètes le considèrent comme l’un des meilleurs traducteurs de l’arabe vers le français et même du français vers l’arabe. Je suis ravi de collaborer et surtout de m’entendre avec lui. En témoignent les choix qu’il fait dans la traduction de mes textes. Avez-vous d’autres œuvres qui attendent d’être traduites et publiées ? Zaher al-Ghafri. Oui, je le souhaite vivement. J’ai beaucoup d’œuvres poétiques qui n’ont pas eu la chance d’être traduites et j’espère qu’elles le seront dans les prochaines années. À vrai dire, je crois en la fraternité poétique et je considère la poésie comme un champ où il est possible de comprendre l’autre et le monde. Deux poèmes Une fleur devant la porte de Mallarmé Ce n’est pas un poème ce N’est pas une mort ou une blessure de guerre ni une bulle dans la bouche du poisson Comme ce n’est pas un avion en papier qui cherche les enfants En permanence Il y a une langue liée qui souhaite dire ce qui ne se voit pas Ici un long chemin pour les enterrements Un tableau ou une mémoire qui miaule sous l’ombre Sous les escaliers bas Quand les servants vont se coucher Dans les chemins des petits contours Je perds ma vie par la légère touche de la main de la mère Et me voilà Cueillant la fleur de la toile du peintre Je l’ai déjà fait Mallarmé Marie pendant que je m’adressais à Hegel Et à la mort sous les étoiles dans un pays lointain Des fois je sens comme si la douleur était une force au-dessus des vallées Comme si la pommeraie à Fontainebleau Signalait maintes fissures dans les têtes des dieux Je suis un ancien détenu de la vie Mais cette fleur Je la pose ce soir devant ta maison Écoute la mélodie Mallarmé ! Celle qui me mène vers toi en cette nuit froide C’est une pierre dans le fleuve de ceux qui s’en vont Et dans chaque source moult vagues Qui se répandent vers les poches de Marie Chaque chanson est un chemin pour la moitié de la forêt Où se lève l’oiseau Avec des ailes lourdes pour éclairer les cloches Une voix qui ressemble à la mort Appelle l’hôte lointain Prends mon cadeau Prends mon pain grillé au four Voyageur Nous avons tous voulu aller là-bas Pour regarder dans la glace Quand la maison sera vide Mais ici aussi des morts vendent beaucoup de fleurs sous la neige J’emprunterai ce chemin Mallarmé Et pendant que je contemple un automne Qui élève les souffles à la main du sculpteur aveugle La lumière est aveuglante sur la Seine Et un homme comme moi a besoin De traverser un pont pour toucher les rives Le vent est petit pareil à des vers de terre sur les feuilles L’automne blond vole les couleurs du soleil C’est pour cela que nous ne retrouverons pas nos enfants Sauf jouant sur des collines à l’ombre Laisse-moi crier un peu Quand Marie parle dans une langue Entremêlée d’algues Laisse le lit chanter sous les étoiles Heureux qui dort absent quand il s’arrête de pleuvoir J’ai trouvé cela au carrefour de ma vie Sur une table en cuivre – Turquoise dans la pommeraie Ô Mallarmé pour que je prie… Sur les hauteurs Dort le cahier du poète en route pour Paris Et ici un dé supplémentaire Lancé dans l’air bleu Une étoile emmenant une personne à personne La fleur est inconnue devant La maison Peut-être deviendrons-nous encore plus beaux après la mort (Extraits d’un texte écrit en 1991 quand le poète résidait à New York) Peut-être avons perdu une seule nuit Peut-être avons-nous perdu la terre de la parole Pour que ce vent transporte Les coquilles de nos bouches Dans le désert Peut-être parce que notre isolement Déborde de la nuit Que nous avons laissé la porte ouverte Et nous ne sommes pas entrés Puis nous avons entendu nos cris Venant de loin Ou Peut-être parce que nos péchés Ont fleuri dans les psaumes De l’enfance Des bergers sans boussole Qui se livrent à la contrebande des jarres des dieux Et boivent L’ombre distillée des arbres. Peut-être deviendrons-nous encore plus beaux après la mort Et nous entendrons quelqu’un dire : Regarde Comment les poissons sautillent De leurs yeux Et pour que la nostalgie paraisse un peu plus vieille Que nos âges Nous contemplons toujours l’éclat du couteau Sur le lit Ou au bord de la tombe Photo de couverture @Koutaiba Aymen Hacen Poésie Jason Moran et Slauson Malone 1 à New York Flower Power – Exposition Souffle Inédit Magazine d’art et de culture. Une invitation à vivre l’art 0 comment 0 FacebookTwitterPinterestEmail admin previous post الممر الاقتصادي يرسم خارطة جديدة في طريق التجارة العالمية next post “الذكاء الاصطناعي” يحد من عدد حوادث سقوط المسنين You may also like المتظاهرون الداعمون للفلسطينيين يخلون مخيمهم في جامعة فيكتوريا 24 يوليو، 2024 La cérémonie d’ouverture des JO diffusée en direct... 24 يوليو، 2024 La fameuse porte flottante du “Titanic” vendue aux... 28 مارس، 2024 L’Atlas archéologique de la France raconte le passé... 28 مارس، 2024 Une tempête géomagnétique se dirige vers la Terre... 28 مارس، 2024 Découvrez les plus belles fresques murales du monde... 28 مارس، 2024 Israël acceptera-il de libérer Marwan Barghouti 22 مارس، 2024 La Nouvelle-Écosse interdit les frais de liste d’attente... 23 فبراير، 2024 Infirmières d’agences : des conditions plus attrayantes que dans... 23 فبراير، 2024 Le député libéral Brendan Maguire se joint aux... 23 فبراير، 2024