Le régime russe sous le feu des critiques après la mort d’Alexeï Navalny

• RCI

Alexeï Navalny, la bête noire du président Vladimir Poutine, est mort vendredi dans la prison de Sibérie où il purgeait une peine de 19 ans (nouvelle fenêtre) de prison. Cette nouvelle, annoncée par les services pénitentiaires, a suscité l’indignation dans de nombreux pays occidentaux.

L’Union européenne (UE) tient le régime russe pour seul responsable de la mort tragique d’Alexeï Navalny, a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel.

Alexeï Navalny s’est battu pour les valeurs de liberté et de démocratie. Pour ses idéaux, il a fait le sacrifice [absolu], a-t-il écrit sur le réseau social X (ex-Twitter).

La Russie doit répondre à de sérieuses questions concernant la mort de cet opposant politique, a déclaré le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, Jens Stoltenberg, en marge de la Conférence sur la sécurité à Munich, en Allemagne.

Biden « scandalisé »

Le président américain Joe Biden s’est dit scandalisé par la mort de l’opposant, accusant Vladimir Poutine d’être responsable de la mort de Navalny, qui était une voix puissante pour la vérité.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations uniesONU, Antonio Guterres, a demandé, par l’entremise de son porte-parole, une enquête complète, crédible et transparente sur la mort d’Alexeï Navalny.

Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié de monstre (nouvelle fenêtre) Vladimir Poutine, qui réprimera quiconque se bat pour la liberté du peuple russe.

Vladimir Poutine doit être tenu personnellement responsable et puni pour les atrocités commises contre Alexeï Navalny, a réagi son épouse Ioulia Navalnaïa en Allemagne.

L’opposant a payé son courage de sa vie, a déploré le chancelier allemand Olaf Scholz, qui s’est dit très attristé.

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui exprimé sur le réseau X sa colère et son indignation. Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort, a-t-il dénoncé.

De l’avis de l’ancien champion du monde d’échecs russe Garry Kasparov, Poutine a échoué à tuer Navalny rapidement et secrètement en le faisant empoisonner, et maintenant, il l’a assassiné lentement et publiquement en prison.

Un Alexeï Navalny assassiné sera une plus grande menace pour le dictateur qu’un Alexeï Navalny vivant. Le dictateur ne peut plus rien faire contre Navalny, Navalny est mort et est devenu immortel, a pour sa part déclaré l’écrivain russe Boris Akounine, qui vit en exil depuis 2014. Il finira par enterrer Poutine.

Un mois avant la présidentielle

L’administration pénitentiaire a expliqué dans un communiqué que M. Navalny, qui se trouvait au centre n° 3, s’est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance.

Les secours ont tenté en vain de le sauver, ont indiqué les services pénitentiaires, ajoutant que tous les gestes de réanimation nécessaires ont été pratiqués sans donner de résultats positifs.

Les médecins auraient passé plus de 30 minutes à essayer de le réanimer.

La mort de M. Navalny a été constatée par les médecins urgentistes, toujours selon les services pénitentiaires, qui ne disent rien pour le moment sur les causes du décès.

Alexeï Navalny, 47 ans, purgeait une peine de 19 ans de prison pour extrémisme dans une colonie pénitentiaire reculée de Sibérie. Il faisait l’objet de nombreux procès largement dénoncés comme politiques et visant à le punir pour son opposition au président Vladimir Poutine.

Lors de diverses audiences à des procès auxquels il avait participé par vidéo ces derniers mois, il était apparu amaigri et vieilli. Il avait enchaîné les problèmes de santé liés à une grève de la faim et à l’empoisonnement dont il avait été victime en 2020 (nouvelle fenêtre).

Malgré des conditions de détention difficiles, sa détermination n’a pas été entamée. L’opposant fustigeait, depuis les salles d’audience, l’homme fort du Kremlin, le qualifiant de papi caché dans un bunker, car le président Poutine n’apparaît que rarement en public.

Des gens se sont rassemblés à Paris après avoir appris la mort de l’opposant russe Alexeï Navalny. Une femme tient notamment une feuille sur laquelle on peut lire : « Poutine, assassin ».
Photo : Reuters / GONZALO FUENTES

Lors de son procès pour extrémisme, M. Navalny n’a pas manqué de critiquer sévèrement la guerre que mène Moscou contre l’Ukraine, la guerre la plus stupide et la plus insensée du 21^e siècle.

Dans un message du 1^er février diffusé par son équipe sur les réseaux sociaux, il avait appelé à des manifestations partout en Russie pour la présidentielle prévue du 15 au 17 mars, qui permettrait à Poutine de se maintenir au pouvoir (nouvelle fenêtre).

La victoire du président russe semble acquise, car les opposants, M. Navalny en tête, ont été emprisonnés ou poussés à l’exil ces dernières années. Et la répression s’est encore accrue depuis le début de l’assaut de Moscou en Ukraine, déclenché le 24 février 2022.

Accusations inacceptables, dit Moscou

Le Kremlin a soutenu que les accusations et les critiques occidentales envers la Russie sont absolument inacceptables tout en assurant ne pas savoir dans l’immédiat la cause du décès.

Il n’y a aucune information sur la cause du décès, et pourtant, de telles déclarations se succèdent. […] Nous considérons que de telles déclarations sont absolument inacceptables, a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, cité par les agences de presse russes.

Les autorités de Moscou, de leur côté, ont mis en garde les Russes contre toute manifestation, tandis que des personnes faisaient la queue dans la soirée pour déposer des fleurs dans plusieurs villes russes sur des monuments à la mémoire des dissidents politiques.

Des interpellations ont été signalées dans plusieurs villes, dont la capitale russe, par des chaînes Telegram russes spécialisées dans le suivi de la répression des actions de protestation.

Avec les informations de l’Agence France-Presse