Demandeurs d’asile : le rapport Dubreuil donne des munitions à Québec

RCI / Jérôme Labbé

Le gouvernement Legault redemande à Ottawa de réinstaurer un système de répartition des demandeurs d’asile partout au pays, à la lumière du dernier rapport du commissaire québécois à la langue française, Benoît Dubreuil, selon qui l’afflux massif de ces immigrants temporaires représente un facteur significatif d’anglicisation.

Le document, déposé à l’Assemblée nationale mercredi, donne des munitions au gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), au pouvoir, qui depuis des mois, voire des années, demande de l’aide pour faire face à un phénomène sur lequel il a peu de contrôle.

Il est temps que le fédéral sorte de sa bulle, voit les conséquences de l’arrivée trop importante des demandeurs d’asile au Québec et prenne urgemment action pour faire en sorte de [les répartir] dans l’ensemble du Canada, a déclaré jeudi la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette.

Ça a un impact sur une multitude de dimensions au Québec, pour le gouvernement, pour les organismes sur le terrain, pour la vitalité du français, a-t-elle plaidé en mêlée de presse, aux côtés de son collègue responsable de la Langue française, Jean-François Roberge.

Le ministre Roberge indique que le rapport Dubreuil « illustre très bien que l’arrivée massive d’immigrants temporaires pose des difficultés pour la langue française au Québec, particulièrement les demandeurs d’asile ».
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Concrètement, Québec souhaiterait voir Ottawa installer un dispositif de répartition volontaire à l’aéroport Montréal-Trudeau, à l’instar de celui qui prévalait l’hiver dernier au bout du chemin Roxham, où des autobus gratuits à destination d’autres provinces canadiennes avaient été mis à la disposition des demandeurs d’asile.

Un tel système, fait-on valoir, commençait à peine à montrer des résultats lorsque le passage, situé près du point de contrôle officiel de Saint-Bernard-de-Lacolle, a été fermé, comme le demandait le gouvernement Legault (nouvelle fenêtre), dans la foulée de la renégociation de l’Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis.

Nous, on voit que ça pourrait être fait comme ça l’a été l’année passée, a expliqué la ministre Fréchette, jeudi.

Dans son rapport (nouvelle fenêtre), le commissaire Dubreuil recommande la création d’un mécanisme de répartition des demandeurs d’asile à l’échelle canadienne en vue de minimiser les coûts relatifs à l’intégration linguistique. En vertu de ce système, seuls les migrants francophones seraient accueillis au Québec.

Le rapport ne fait pas mention du caractère volontaire de la répartition, mais le commissaire dit souhaiter que ces règles soient appliquées de manière souple, de façon à prendre en considération les liens familiaux et les situations particulières des personnes immigrantes.

Québec solidaire appuie l’idée de mieux répartir les demandeurs d’asile partout au Canada, tant que ces déplacements demeurent volontaires, a indiqué jeudi le député Guillaume Cliche-Rivard.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Interrogés sur ce sujet jeudi, tous les partis d’opposition se sont dits d’accord avec la Coalition avenir QuébecCAQ pour l’adoption d’une approche qui permettrait de mieux répartir les demandeurs d’asile partout au pays, tant que personne n’est déplacé contre son gré.

Le critère de l’anglais, ça peut être un critère, mais il faut que ça demeure volontaire, a plaidé jeudi le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard, avocat en droit de l’immigration. On ne mettra pas du monde qui ne veulent pas aller ailleurs dans un autobus. De toute façon, on ne peut pas faire ça.

Faisons les choses de manière correcte, bienveillante, positive, mais effectivement – moi, je le sais, j’ai travaillé avec ces populations-là – il y a des gens qui viennent demander asile au Canada, leur vol arrivait à Montréal et leur intention, ce n’était pas nécessairement de vivre à Montréal, a-t-il raconté en mêlée de presse.

Si les mécanismes d’accueil sont là, les gens vont vouloir y aller volontairement, j’en suis convaincu, mais ceux qui veulent rester au Québec devraient pouvoir rester au Québec.

Avec les informations de Sébastien Desrosiers

Jérôme Labbé