Attaque de London : un acte terroriste et la prison à vie pour son auteur

RCI / Katherine Brulotte

L’auteur de l’attaque contre une famille musulmane de London en 2021 a été condamné à la prison à vie et ne sera admissible à la libération conditionnelle qu’après avoir purgé 25 ans. Son attentat a aussi été considéré comme un acte de terrorisme par la Cour supérieure de l’Ontario.

Nathaniel Veltman, 23 ans, a été reconnu coupable en novembre des meurtres prémédités de quatre membres de la famille Afzaal (nouvelle fenêtre) et de tentative de meurtre contre le plus jeune de la famille. La famille a été happée par le camion de l’homme alors qu’elle marchait dans le quartier.

Madiha Salman, 44 ans, son mari Salman Afzaal, 46 ans, leur fille de 15 ans, Yumna, et sa grand-mère Talat Afzaal ont été tués dans l’attaque. Le fils du couple a été gravement blessé.

La famille Afzaal. De gauche à droite : Yumna Afzaal, Madiha Salman, Talat Afzaal et Salman Afzaal (Photo d’archives)
Photo : Afzaal family / Famille Afzaal

Une peine d’emprisonnement à vie est automatiquement liée à chacune des quatre accusations de meurtre prémédité. La juge de la Cour supérieure, Renée Pomerance, a également déterminé que le meurtrier doit purger la même peine pour la tentative de meurtre de l’enfant blessé dans l’attaque.

Les peines sont concurrentes.

Les lois canadiennes sur le terrorisme ont été invoquées pour la première fois lors d’un procès pour meurtre au premier degré.

Une peine excessive, selon la défense

La Couronne demandait la peine d’emprisonnement à vie pour la tentative de meurtre; la défense demandait plutôt une peine de 10 ans. L’un des avocats de l’auteur du crime, M^e Christopher Hicks, a dit qu’il jugeait la peine à perpétuité excessive.

La défense a indiqué qu’elle parlerait à son client pour déterminer si elle portera la décision en appel.

La procureure Sarah Shaikh a soutenu que Nathaniel Veltman avait une idéologie haineuse, intolérante et islamophobe devant les médias. L’attentat du tueur ciblait non seulement la famille, mais aussi toute la communauté musulmane, dit-elle.

La procureure Sarah Shaikh à son arrivée au palais de justice de London le 22 février.
Photo : La Presse canadienne / Nicole Osborne

À sa sortie du palais de justice, Tabinda Bukhari, la mère de Madiha Salman, a souligné que la peine infligée par la juge ne ramènerait pas ce qui a été volé à la famille.

Le procès ne portait pas que sur un acte, pense-t-elle. Il s’agit d’un dur rappel que des lignes de fracture existent au sein de notre société, note-t-elle.

Selon Ali Islam, oncle de Madiha Salman, plusieurs communautés se sentiront en sécurité à l’avenir grâce au jugement de la juge Pomerance.

L’auteur avait l’intention de tuer des musulmans

La juge Pomerance a annoncé d’entrée de jeu dans le cadre de la lecture de sa décision sur la peine de Nathaniel Veltman que le meurtrier avait quitté son appartement le soir du 6 juin 2021 avec l’intention de tuer des musulmans.

La magistrate a rappelé qu’il était un grand consommateur de contenu d’extrême droite sur Internet et de manifestes liés à l’idéologie de la suprématie blanche. La Couronne a fait valoir durant le procès que Nathaniel Veltman était un suprémaciste blanc qui projetait de commettre un acte violent.

La juge de la Cour supérieure de l’Ontario Renée Pomerance durant le procès
Photo : (Pam Davies/CBC)

La juge affirme que le meurtrier voulait inspirer d’autres actes de violence. Nathaniel Veltman est demeuré impassible à la lecture de la décision.

Renée Pomerance a par ailleurs évité de nommer le meurtrier dans l’ensemble de sa décision, l’appelant l’accusé.

L’auteur d’un meurtre au premier degré est automatiquement condamné à l’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. La peine pour une tentative de meurtre peut varier, quant à elle.

La représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, estime que la reconnaissance de l’acte terroriste par la cour aura des répercussions profondes sur l’ensemble de la société canadienne et qu’elle apportera un certain réconfort aux communautés qui exigent que nos lois et nos institutions soient équitables et justes.

Elle croit aussi que la décision envoie un message clair, à savoir que les communautés musulmanes du Canada doivent être protégées contre l’extrémisme violent.

Une audience de détermination de la peine lourde d’émotion

Les proches des victimes ont parlé d’un désastre émotionnel insurmontable à l’audience de détermination de la peine (nouvelle fenêtre), au mois de janvier. Ils ont alors été en mesure de décrire qui étaient les membres de la famille décimée.

Salman Afzaal, le père de la famille, était la personne la plus radieuse, a dit sa sœur, Ayesha Shaukat. Son frère débordait de gentillesse.

Lorsqu’elle était étudiante de premier cycle au Pakistan, Madiha Salman était la seule femme de son programme de génie. Mais cela ne l’a pas découragée, a raconté sa mère, Tabinda Bukhari, à l’audience.

Tabinda Bukhari, la mère de Madiha Salman, l’une des victimes de l’attaque de London en 2021, a fait partie des proches entendus par la Cour supérieure de justice de l’Ontario. (Image d’archives)

Photo : Radio-Canada / Pam Davies/CBC

Talat Afzaal était une enseignante à la retraite et une artiste qui peignait surtout des paysages, jusqu’à ce qu’elle commence à créer des personnages de dessins animés pour ses petits enfants.

Des amis de Yumna Afzaal ont louangé la jeune fille durant l’audience de détermination de la peine.

Yumna était plus qu’une amie : c’était une confidente, un réseau de soutien, une camarade de classe, une partenaire d’étude et une gardienne de secrets, a indiqué son amie, Maryam Alsabawi.

Avec les informations de La Presse canadienne.

Katherine Brulotte