الثلاثاء, نوفمبر 26, 2024
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Regroupements familiaux accélérés au Québec : soulagement chez les familles

by admin

 

  • RCI / Mathias Marchal

Plusieurs familles en attente de regroupement familial ont poussé un soupir de soulagement après que le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, eut annoncé sa volonté d’accélérer la cadence de traitement des dossiers (nouvelle fenêtre), et dit avoir ciblé 20 500 dossiers prioritaires à traiter d’ici trois ans.

Imaginez vivre cinq ans loin de son mari ou de ses enfants, c’est épouvantable. Je comprends que le ministre Miller ait pris cette décision-là, confie Marie Gervaise Pilon, enseignante et vice-présidente de l’organisme Québec Réunifié.

Celle qui est mariée à un Britannique depuis 2021 dit ne pas comprendre pourquoi Québec s’entête à séparer les familles ainsi.

Marie G. Pilon et son mari, William Blewitt
Photo : Marie G. Pilon

Selon les données du gouvernement fédéral, les délais de traitement pour le parrainage d’un conjoint à l’étranger sont actuellement de 34 mois au Québec, contre 12 mois ailleurs au Canada. Pour un parent ou un grand-parent, les délais sont de 50 mois au Québec, mais de 24 mois dans les autres provinces.

Ce décalage s’explique par le phénomène de l’entonnoir. Le Québec, seule province à exercer des pouvoirs en immigration, fixe ses propres seuils et présélectionne une majorité de ses immigrants, à travers le Certificat de sélection du Québec (CSQ). À Ottawa ensuite de terminer le processus de sélection et d’octroyer la résidence permanente.

Si le Québec continue d’accorder des CSQ dans la catégorie du regroupement familial, ce qui perpétuerait le problème (nouvelle fenêtre) des dossiers en attente, Ottawa promet de traiter ces dossiers et d’accorder la résidence permanente aux demandeurs dans les délais usuels, quitte à surpasser les paliers qui sont établis par le gouvernement Legault, menace le ministre Miller.

En matière de regroupement familial, le Québec fixe un seuil maximal de 10 600 personnes par an dans sa planification de l’immigration, seuil que le gouvernement fédéral n’est cependant pas tenu de respecter, selon la plupart des experts.

Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. (Photo d’archives)
Photo : La Presse canadienne / Christinne Muschi

Face à la rebuffade du gouvernement Legault qui clame qu’Ottawa fait de l’ingérence (nouvelle fenêtre), le ministre Miller a soutenu en entrevue que le Québec en sortirait gagnant. On a plusieurs personnes qui menacent de quitter le Québec pour que leurs familles puissent les rejoindre ailleurs, a-t-il déclaré.

Ils ne font pas juste menacer, ils partent pour de vrai, soutient de son côté Geneviève Savard Rcic, consultante en Immigration et administratrice du groupe Facebook Parrainage Canada/Québec pour les couples. Dernièrement, 25 % des consultations que j’ai, c’est des gens qui planifient d’aller vivre ailleurs qu’au Québec pour que ça prenne moins longtemps, indique-t-elle.

Bonne nouvelle, mais…

Mme Savard Rcic se réjouit du fait qu’Ottawa va vouloir traiter 20 000 dossiers en priorité. C’est une bonne nouvelle et il n’y en a pas souvent en immigration, a-t-elle souligné lundi lors d’une vidéoconférence diffusée sur le groupe Facebook qu’elle administre. Elle a toutefois prévenu que ce genre de rattrapage ne se fera pas du jour au lendemain étant donné qu’il faudra revoir l’organisation du travail.

Les parrainages internes sont aussi inclus dans l’annonce de rattrapage.

Sur les groupes de discussion plus généraux, les avis sont partagés. Plusieurs internautes soulignent que la capacité d’accueil du Québec n’est pas illimitée, alors que d’autres évoquent au contraire des raisons humanitaires à cause des délais de traitement déjà très longs.

Au Québec, selon certains, les seuils d’immigration visent notamment à atténuer les pénuries de logements. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Nouvelle querelle en vue

Certains membres du groupe de discussion Parrainage Canada/Québec pour les couples craignent que le ministère québécois de l’Immigration ne commence à traîner dans l’octroi des Certificats de sélection du Québec pour essayer de contrecarrer cette manœuvre d’Ottawa.

Selon le ministre québécois de la Justice, Simon Jolin-Barrette, le gouvernement fédéral va clairement à l’encontre de la volonté de la nation québécoise dans ce dossier.

Le député caquiste de Borduas, Simon Jolin-Barrette. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Depuis l’Accord de 1991 entre le Canada et le Québec sur l’immigration, le Québec fixe des cibles d’admission pour différentes catégories d’immigration permanente. Mais au fil du temps, ces cibles se sont transformées en seuils et en quotas qu’Ottawa ne peut plus dépasser, explique Claire Launey, présidente de l’organisme Le Québec c’est nous aussi.

Donc, c’est sûr que maintenant c’est vu comme un affront, mais finalement, c’est une interprétation de l’accord Canada-Québec qui a un peu changé de son sens initial.

Avec les informations de Jacaudrey Charbonneau.

Mathias Marchal

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