Près de 1 million $ pour attirer les 60 à 69 ans sur le marché du travail au Québec

• RCI

Québec investit près d’un million de dollars pour recruter des travailleuses et travailleurs de 60 à 69 ans ou les inciter à conserver un emploi, dans le but de pallier la pénurie de main-d’oeuvre.

Le financement de 987 289 $ annoncé lundi par la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, ne sera pas versé directement aux travailleurs, mais plutôt au Conseil du patronat, qui a développé un projet pilote pour accompagner 90 entreprises souhaitant embaucher ou retenir dans leurs rangs des travailleurs dans la soixantaine.

Le projet a été pensé pour les petite et moyenne entreprisePME de toutes les régions du Québec, que leurs employés soient syndiqués ou non.

Il vise surtout des entreprises de secteurs affectés par la pénurie de main-d’œuvre, soit la construction, la fabrication, le commerce de détail, les services d’hôtellerie et la restauration.

Selon le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, une vingtaine d’entreprises bénéficient déjà du soutien du Conseil à cet égard et jusqu’à 70 entreprises supplémentaires pourront en profiter.

Selon Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, jusqu’à 70 entreprises de plus pourront bénéficier du projet pilote.
Photo : Radio-Canada

Le programme du Conseil du patronat du QuébecCPQ offre aux entreprises un accompagnement sans frais de 35 heures comprenant :

• une évaluation, par le personnel du Conseil du patronat du QuébecCPQ, de la réalité de l’entreprise quant à la présence d’employés de 60 à 69 ans dans ses rangs et ses pratiques pour les attirer;
• l’élaboration de mesures de gestion des ressources humaines qui peuvent être mises en place afin d’attirer ou de retenir les sexagénaires;
• deux suivis pour constater l’évolution et le succès de l’application des mesures : le premier après trois mois, le second après six mois.

Le Conseil du patronat a rassemblé les informations à propos de son projet sur le site web retravail.com.

La ministre de l’Emploi du Québec, Kateri Champagne Jourdain, affirme que l’accompagnement offert aux entreprises permettra de trouver des «solutions sur mesure» pour les PME participantes.
Photo : Radio-Canada

L’accompagnement offert aux entreprises ne sera pas du mur-à-mur, mais bien des solutions sur mesure pour les petite et moyenne entreprisePME qui vont demander du soutien au projet du Conseil du patronat, a souligné la ministre Champagne Jourdain en entrevue à l’émission Midi info (nouvelle fenêtre).

Cet encadrement répondra à un besoin connu, car selon des sondages réalisés par le Conseil du patronat du Québec, seulement 8 % des entreprises québécoises ont une politique ou des pratiques pour recruter ou retenir les personnes âgées de 60 à 69 ans, et 70 % ne connaissent pas les ressources pour les joindre.

La main-d’oeuvre, une denrée de plus en plus rare

Le manque de main-d’oeuvre est déjà un problème au Québec, car on compte 175 000 postes à pourvoir. D’ici 2030, toutefois, ce sont 1,6 million de travailleurs qu’il faudra remplacer après leur départ à la retraite, affirme M. Blackburn.

L’Ontario a une longueur d’avance sur le Québec quant à la rétention et à l’attraction des travailleurs dans la soixantaine. Si le Québec était aussi efficace que sa voisine, on compterait aujourd’hui 42 000 travailleurs de plus sur le marché du travail québécois, selon des estimations gouvernementales.

Le projet pilote offre aux entreprises des pistes de solution en ce qui a trait à l’organisation du travail et aux pratiques dans le domaine des ressources humaines, mais les facteurs fiscaux restent une préoccupation importante des sexagénaires au moment de décider d’intégrer ou non le marché du travail.

En conférence de presse lundi matin, la ministre Champagne Jourdain a souligné que l’annonce du projet du Conseil du patronat venait s’ajouter à des modifications au Régime de rentes du Québec (RRQ) (nouvelle fenêtre) pour inciter la main-d’oeuvre expérimentée à rester au travail qui sont entrées en vigueur, a-t-elle rappelé, le 1er janvier dernier :

• les travailleuses et travailleurs de 65 ans ou plus qui reçoivent déjà leur rente de retraite peuvent cesser de cotiser au Régime de rentes du Québec (RRQ) [les cotisations de l’employeur cesseront aussi];
• une personne peut repousser à 72 ans l’âge où elle commencera à recevoir une rente de retraite du Régime des rentes du QuébecRRQ, l’âge maximal était auparavant de 70 ans;
• à partir de 65 ans, les faibles gains de travail obtenus ne pourront plus faire baisser la moyenne de gains utilisée pour calculer la rente de retraite.

Le recrutement de travailleurs plus âgés apporte des défis particuliers, mais leur expérience, leur expertise, leur loyauté, leur engagement envers les entreprises, leur capacité à faire de l’accompagnement ou du mentorat auprès des plus jeunes sont des atouts, selon M. Blackburn.