Des conditions alarmantes pour la crevette nordique dans le golfe du Saint-Laurent

Les crevettes sont en danger dans le golfe, selon les scientifiques.

RCI / Catherine Allard

La crevette nordique résiste mal au réchauffement des eaux et à la baisse du taux d’oxygène dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Le petit crustacé se retrouve dans des conditions de plus en plus extrêmes, selon Pêches et Océans, ce qui entraîne un rétrécissement de son habitat.

Dans une mise à jour scientifique sur les répercussions du réchauffement océanique sur la crevette nordique, Pêches et Océans Canada explique qu’on se dirige vers un rétrécissement des régions où le crustacé peut survivre et se reproduire.

Cette situation s’explique par une augmentation de la température de l’eau – principalement la couche d’eau profonde – dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent. Les scientifiques ont observé un réchauffement moyen de la température de cette couche de 1,8 degré Celsius en 13 ans (entre 2009 et 2022).

La couche d’eau profonde est, comme son nom l’indique, la plus profonde de l’océan. C’est à cet endroit où l’eau est habituellement la plus froide et où on retrouve principalement la crevette nordique.

Les pêcheurs de crevette remarquent que la ressource est de moins en moins abondante. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada

Le réchauffement de la température de l’eau vient également avec une diminution de la quantité d’oxygène qui s’y trouve. Une baisse de l’oxygène dans l’eau n’est généralement pas favorable pour la plupart des espèces, dont la crevette nordique.

Les scientifiques ont remarqué une baisse des niveaux d’oxygène de 70 % dans l’estuaire du Saint-Laurent au cours des 50 dernières années.

Les scientifiques de Pêches et Océans sont catégoriques : on observe actuellement une diminution des quantités de crevettes dans le golfe.

Marie-Julie Roux précise toutefois que pour l’instant, on ne craint pas que la crevette ne disparaisse.

Par contre, la couche profonde est de plus en plus chaude et les conditions sont de plus en plus défavorables, surtout si on ajoute la baisse du niveau d’oxygène, précise-t-elle.

Un effondrement des stocks remarqué par les pêcheurs

Les pêcheurs de crevette ne sont pas surpris d’apprendre les plus récentes conclusions de Pêches et Océans.

D’apprendre ça, ça vient tout simplement confirmer ce que ça fait longtemps qu’on dit. Est-ce qu’on va assister à la disparition complète de la crevette nordique? Ça reste à voir, déclare le directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, Jean Lanteigne.

Le directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels, Jean Lanteigne. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Les pêcheurs estiment toutefois qu’il y a un autre élément qui explique les difficultés du petit crustacé : la présence de plus en plus forte de son prédateur principal, le sébaste, dans les eaux de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent.

Ça fait quelques années qu’on constate une diminution [de la crevette], constate le président de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, Vincent Dupuis. Le ministère dit que c’est lié au réchauffement climatique et à la diminution des stocks d’oxygène, oui c’est vrai, mais nous on a vu une dégringolade des stocks plus rapide que normale parce que le sébaste a embarqué.

Le président de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, Vincent Dupuis. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat

Jean Lanteigne croit que c’est une raison de plus pour le fédéral de soutenir les crevettiers, afin de les aider à éviter la faillite.

Par ailleurs, une rencontre est prévue jeudi entre la ministre fédérale des Pêches, Diane Lebouthillier, et des représentants de l’Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels et de la Fish, Food & Allied Workers.

Avec des informations d’Héloïse Rodriguez et de Louis-Philippe Trozzo

Catherine Allard